
A l'occasion de la fête de Francophonie, en Croatie, la Section croate des journalistes francophone a organisé le 15 Mars 2017 à Zagreb une tribune sur la lutte contre les fausses informations sur Internet en se basant sur les nouvelles expériences et réalisations des médias français.
Dans son introduction, Mirko Bolfek, ancien directeur et rédacteur en chef de l'Agence de presse croate (HINA) a déclaré que le nombre croissant de médias en ligne était un "bienfait de la civilisation" malgré les critiques portant sur l'exactitude et la fiabilité des informations publiées.
Le temps dit « du journalisme sans journalistes « est à venir, mais cela ne signifie pas que les journalistes seront inutiles. Au contraire, les compétences, le savoir-faire, les normes professionnelles et règles journalistiques devront être respectés afin qu'on puisse établir quelle information et quels médias sont fiables, a déclaré Bolfek en présentant les outils utilisés par les médias français dans la lutte contre les fausses informations - le Decodex, développé par Le Monde, et le CrossCheck.fr.
Les entretiens par vidéo-conférence avec le coordinateur du projet Decodex ,Samuel Laurent et le Secrétaire international de l'UPF, Jean Kouchner, ont été présentés à la Tribune.
Jean Kouchner a souligné que le phénomène des fausses informations et des rumeurs dans les médias n'est pas un phénomène nouveau, apparu avec internet, mais existe depuis toujours. L'essence du travail journalistique est de vérifier les informations à partir de plusieurs sources. Aujourd'hui, dans les conditions de commercialisation des médias, il est nécessaire – important de vérifier toutes les sources de l'information ; mais les journalistes ont-ils assez de temps et d'argent pour cela dans les conditions qui font que l'information est une marchandise sur le marché de l'information ? La réponse est négative. Cependant ce fait ne les dispense pas d'être responsables et ne leur donne pas le droit de négliger l'essence de leur travail » a dit Jean Kouchner, lui-même journaliste et professeur de journalisme. Il salue l'apparition des différents outils permettant de découvrir les fausses informations et souligne que les journalistes doivent être aujourd'hui en mesure de faire face quotidiennement à trois gros problèmes : le manque d'argent, le manque de temps et la commercialisation grandissante de l'information.
Vladimir Matek, ancien correspondant de presse à Paris a parlé des « rumeurs » et des manipulations des informations. Il a souligné la différence entre journalisme et propagande, en évoquant le propagandiste soviétique de la période du Kominterm, Grigori Zinoviev qui a déclaré : « le plus important est de jeter la confusion dans les esprits et de donner les informations de façon telle qu'on ne puisse faire la différence entre le mensonge et la vérité. Lorsque les esprits sont confus on peut facilement les mener là où on veut ». C'est ce que firent Hitler et Goebbels avec les conséquences que l'on sait, a conclu Matek.
Le Président de l'Association des journalistes croates, Sasha Lekovic après avoir fait l'éloge des outils français mis en place pour lutter contre les fausses informations a souligné que la lutte contre la publication de fausses nouvelles sur la toile et par les médias du main stream doit être la tâche prioritaire pour l'Association des journalistes croates. Puis Lekovic a présenté un site croate mis en place pour la lutte contre les fausses informations, « Faktograf.hr ». Ce site qui collabore avec une association non gouvernementale est développé par l'Association des journalistes croates a expliqué Lekovic.
La médiatrice de la Tribune et présidente de la Section croate, Silvia Luks a conclu, devant un public nombreux, en remarquant que chaque période apporte un nouveau progrès dans la technologie mais que dans le journalisme c'est en fin de compte le ou la journaliste qui se servent de cette technologie qui sont les plus importants : » Aujourd'hui, dans la lutte contre les fausses informations il est nécessaire de faire preuve de plus de sens professionnel et d'avoir de solides connaissances technologiques, « malheureusement ce n'est pas toujours le cas. » a déclaré Silvia Luks.
Silvia Luks
Présidente de l'UPF-Croatie